Emmanuel Bove

Son premier roman, Mes amis, est publié par Colette en 1924 et remporte un succès immédiat. On y trouve déjà l’univers caractéristique de ses futurs romans : la douce médiocrité du quotidien, les gênes qui tissent les relations humaines, la mesquinerie et la lâcheté ordinaires.
Suivent ensuite Armand, Bécon-les-Bruyères ou encore La Coalition et Un soir chez Blutel, tous publiés en 1927.
Pendant la guerre, il refuse de faire publier ses livres dans la France occupée. Réfugié à Alger avec sa femme en novembre 1942, il y écrit ses trois derniers romans (Le Piège, Départ dans la nuit, Non-lieu). C’est également en Afrique du Nord qu’il contractera le paludisme qui finira par l’emporter le 13 juillet 1945, à l’âge de quarante-sept ans.

Auteur d’une œuvre abondante, il est l’auteur de plus d’une vingtaine de romans et d’un grand nombre de nouvelles. Pourtant, malgré la reconnaissance qu’il reçut de son vivant, cet écrivain qui avait enthousiasmé, Max Jacob, André Gide, Rainer Maria Rilke ou Samuel Beckett tombe dans l’oubli après sa disparition.
Redécouvert à partir de la fin des années 1970, son style dépouillé, mordant et son sens de l’observation microscopique ne laissent aucune échappatoire au lecteur qui se trouve englué à son tour dans la poisse de ces héros minables. Toujours à la périphérie, il sera l’allié des perdants, du côté des humbles, des gens de peu et des laissés-pour-compte de la réussite sociale.

Romancier du dénuement, de la médiocrité et de la solitude, Bove peint l’univers des velléitaires, artisans de leurs défaites, qui ruminent des réussites impossibles de petit-bourgeois. Sous un dehors toujours banal, noire et souvent teintée d’ironie, on a pu voir en Bove un Beckett sans métaphysique, un existentialiste sans idéologie, un précurseur du Nouveau Roman, mais il est d’abord un écrivain qui excelle à évoquer ces zones ténébreuses qui habitent l’homme, la pensée souterraine et la difficulté de communiquer.